En 1949, alors que la bibliothèque de Saint-Nazaire s’installe dans le jardin des plantes de la ville, près de deux tonnes de livres issues d’un mystérieux « don anglais » rejoignent les collections.
De l’oubli à la redécouverte
Ces ouvrages, inventoriés et prêtés dès leur arrivée, circulent d’abord dans les rayonnages de la bibliothèque du jardin des plantes, puis à la bibliothèque Étienne-Caux, inaugurée en 1971.
Mais en 1989, lors de la rénovation et de l’informatisation, le fonds est définitivement écarté des espaces publics et ne sera pas informatisé. Dispersés dans les réserves selon leur format, les volumes tombent ainsi peu à peu dans l’oubli.
Il faudra attendre 2025 pour que ce singulier ensemble soit enfin identifié, rassemblé et installé dans une réserve située au 5ᵉ étage de la médiathèque.
Caractéristiques du fonds
Chaque ouvrage porte encore son numéro d’inventaire de décembre 1949. Le livre le plus ancien a été édité en en 1798 et le plus récent à 1943.
La majorité de la donation est constituée de romans, mais on trouve également de nombreux documentaires, avec une forte présence de titres d’histoire. Plusieurs volumes se distinguent par leurs remarquables cartonnages illustrés ou leurs reliures mécaniques du XIXᵉ siècle.



Des indices précieux sur la provenance
Un grand nombre de livres livrent eux-mêmes des fragments de leur histoire grâce aux marques qu’ils portent :
- étiquettes et estampilles de bibliothèques publiques et privées du Royaume uni, précisant souvent que l’ouvrage a été retiré des collections ;
- prix scolaires remis à des particuliers ;
- mentions manuscrites de propriétaires ;
- estampilles indiquant des dons d’habitants ou d’institutions anglaises à destination des soldats britanniques ou des prisonniers de guerre ;
- tampons rappelant les campagnes de collecte de livres organisées pendant le conflit ;
- marques mentionnant explicitement l’envoi à des bibliothèques françaises détruites pendant la guerre.

Certaines découvertes sont particulièrement émouvantes : un marque-page du métro londonien, un ticket de location de chaise au jardin public de Bordeaux, ou encore deux ouvrages passés par les troupes américaines.
La bibliothèque publique londonienne de Westminster se distingue quant à elle par la présence d’une dizaine de volumes déclassés, reliés en cuir avec le blason de l’institution. Dans l’ensemble, les lieux d’origine reflètent toute la diversité géographique de l’Angleterre.
Un témoin de la Seconde Guerre mondiale et de la reconstruction
Pris individuellement, ces livres ne présentent pas toujours un intérêt exceptionnel. Mais réunis, ils constituent un ensemble qui témoigne de l’ampleur de la mobilisation des Britanniques pour soutenir les soldats et prisonniers engagés dans le conflit, et de leur volonté d’aider à la renaissance des bibliothèques françaises détruites. Il témoigne également de la présence des troupes franco britanniques sur le territoire de Saint-Nazaire à la sortie de la seconde guerre mondiale.
Enfin, les messages de bonne chance ou de bonne année, que l’on retrouve dans de nombreux volumes, apportent également un éclairage plus sensible et émouvant encore à cet ensemble.





